Ancilla, la jeune fille qui souriait aux étoiles

« Et si j’étais née plusieurs fois? Impossible, n’est-ce pas? Et pourtant c’est mon histoire. J’ai vu le jour sur la terre d’une lointaine Afrique, puis dans les bras d’une adolescente Hutu, qui m’a arrachée à une mort certaine, ensuite dans ceux de la femme qui m’a accueillie et aimée lorsque j’avais 18 mois et enfin sous les doigts de Wassim Raffoul, le chirurgien qui a reconstruit une partie de mon visage. »
Ancilla a 27 ans. C’est une jeune femme joyeuse, dont on dit qu’à son contact, le ciel le plus tourmenté s’éclaircit. Peu de temps après sa naissance au Rwanda, ses parents Tutsi ont été massacrés. Elle a été recueillie avec sa plus jeune sœur par une femme Hutu, tandis que ses aînés ont fui avec d’autres familles. La partie supérieure de son visage, jusqu’à l’œil droit, a été meurtrie. A-t-elle été blessée pendant le génocide? C’est fort probable, mais elle était trop petite au moment des faits pour s’en souvenir avec précision.
Sur la route d’Ancilla, il y a eu une multitude de personnes nobles. De personnes mues, plus que les autres, par des élans d’amour, par des engagements. Notamment Edmond Kaiser, qui a décidé de ramener avec lui la petite fille rwandaise gravement blessée pour la faire soigner dans un hôpital suisse. Puis une mère adoptive qui s’inquiète, s’émeut, se réjouit pour sa fille. Un chirurgien qui dit que si la médecine s’arrêtait à la sortie du bloc opératoire, il n’aurait pas choisi cette voie. C’est vers lui qu’Ancilla se tourne quand il s’agit de prendre une décision importante, comme celle de partir sur les traces de sa famille africaine.
L’histoire d’Ancilla peut résonner en chacun de nous. Parce qu’elle nous démontre que, quels que soient l’origine et le poids de nos fardeaux, quoi que la nature nous ait donné ou ôté, il subsiste un élan vital, qu’un souffle peut raviver.